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Parti Niçois/Partit Nissart - site officiel
19 mars 2024

AUTONOMIE CORSE : comment ça se passe dans une autre "République une et indivisible" ?

 

Dans la nuit de lundi à mardi dernier, le gouvernement et les élus Corses ont trouvé un accord sur un projet d'écriture constitutionnelle prévoyant « la reconnaissance d'un statut d'autonomie » pour la Corse. Du côté des insulaires, on attend de voir la suite, car ce projet est plus édulcoré que celui initialement porté par les nationalistes.

Malgré ce projet adouci, ne reconnaissant ni la qualité de peuple aux Corses ni la coofficialité de la langue corse ni le statut de résident ; cela n’empêche pas les partis jacobins, de pousser déjà des cris d’orfraie ; pris d'une véritable peur irrationnelle, jouant les Cassandre annonçant une « déconstruction » ou une « balkanisation » de la France, si l’on devait accorder la moindre petite autonomie même partielle. La réaction la plus flagrante est celle de Bruno Retailleau, patron des Républicains au Sénat, déclarant qu’une réforme sur l’autonomie serait une tentative de « constitutionnaliser le communautarisme »… rien que ça ! Les Corses apprécieront particulièrement l’amalgame…

Rappelons, aux jacobins phobiques, cette réalité qui les dérange : les pays qui entourent la France, accordent une autonomie plus ou moins large à leurs régions, reconnaissent et protègent les langues régionales, sans pour autant voir ces pays se dissoudre dans des guerres sécessionnistes, comme dans l’exemple d’une autre « République une et indivisible » : L’Italie.

Car si l’Italie, tout comme la France, se définit dans sa Constitution comme une « République une et indivisible » dans son article 5, ce même article « reconnaît et favorise les autonomies locales » et l’article 6 indique que la République « protège par des normes particulières les minorités linguistiques ».

Les pouvoirs et compétences des régions sont définis dans les articles 114 à 133 de la Constitution italienne (où revient plusieurs fois le mot « autonomie »). On peut citer par exemple ; l’article 114 indiquant que « les communes, provinces, villes métropolitaines et régions sont des entités autonomes ayant un statut, des pouvoirs et des fonctions propres »

On peut citer l’article 116 qui attribue « un statut spéciale » d’autonomie à cinq régions : Le Frioul-Vénétie Julienne, la Sardaigne, la Sicile, au Trentin-Haut Adige et à la Vallée d’Aoste. L’article 117 prévoit, entre autres que « dans toutes les matières qui ne sont pas expressément réservées à la législation de l’État, le pouvoir législatif échoit aux Régions. » L’article 119 quant à lui prévoit une autonomie financière aussi bien aux communes, aux provinces et aux régions.

On peut citer aussi l’article 132 qui prévoit, notamment, à la suite d’une consultation des populations concernées, la possibilité de créer une nouvelle région ou qu’une province soit détachée d’une région pour la rattacher à une autre. De quoi faire rêver les Alsaciens ayant perdu leur région en 2015 ou encore les partisans du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne…ou pour des Niçois ne se reconnaissant pas dans la PACA et refusant la tutelle marseillaise.

Avec toutes ces autonomies et spécificités accordées par une « république une et indivisible » à ses régions ; les partisans de centralisme parisien doivent nous expliquer comment l’Italie ne s’est pas encore disloquée et fracturée dans une guerre de sécession ?  Alors qu’en parallèle, le projet d’autonomie pour la Corse, qui effraie autant les jacobins, est bien en deçà de ce qui s’applique en Italie.

C’est au contraire l’intransigeance des jacobins, qui pourrait un jour, conduire à une « dissolution » de la France, en s’entêtant à s’enfermer dans ce centralisme parisien archaïque et imperméable à la moindre évolution institutionnelle. C’est cette intransigeance parisienne qui génère autant des velléités séparatistes en France, car pour reprendre l’exemple italien, la création des régions à « statut spéciale » était justement une réponse du gouvernement afin d’éviter les mouvements séparatistes.

C’est aussi cette même intransigeance jacobine, qui alimente la colère du reste de l’Hexagone, ne supportant plus que Paris décide unilatéralement de tout pour le reste du pays (soit directement soit indirectement par le biais des préfets) ; engendrant ces dernières années des contestations sociales, malheureusement, de plus en plus violentes pour se faire entendre par la capitale.

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